
Trente cinq ans déjà que tu es partie
Laissant derrière toi tes trois petites filles
Nous avions quinze, douze et dix ans.
On nous a annoncé ta mort en nous disant que tu rejoignais notre petit frère Jean-Elie au Paradis.
Pour nous le Paradis était sur terre, entourés de notre père, de notre mère.La vie de bohême que nous menions était la vie rêvée des anges!
Nos vacances à Grandchamp, Lesconil, Brest,l'Ile de Sein, nos escapades en pays de Concarneau, resteront à jamais gravées dans nos mémoires.Papa peignait, nous l'accompagnions sur le sujet. Tu étais toujours à ses côtés tricotant et nous surveillant.
Aujourd'hui les gouaches peintes à cette époque ont pour nous une signification particulière, ceux sont des tranches de notre vie qui se retrouvent ainsi vendues en salle des ventes, en galeries.
En tant d'années, il s'en est passé des choses dans notre vie.
De petites filles, nous sommes devenues femmes et mamans à notre tour, avec du moins pour moi cette angoisse de disparaître trop tôt, et de ne pas avoir le temps de mener mes enfants vers leur vie d'adulte.
Ainsi va la vie m'a t-on souvent dit pour me consoler.
Je n'ai pu aller sur ta tombe en ce jour anniversaire, ni passer Rue Laënnec.
L'image de ton cercueil dans la salle à manger au milieu des deux tempêtes peintes par papa en cet hiver mille neuf-cent -soixante- quatorze me hante toujours.